En 1789, au château de Saint-Géry vivait Clément de Rey, conseiller au Parlement de Toulouse, seigneur de Saint-Géry, baron de Loupiac, marquis de Milhars, qui avait épousé en 1767 Mary O'Kelly-Farrell. Son fils aîné Jean-Jacques de Rey, surnommé Jimmy, avait 18 ans, quand son père, au début de la Révolution, l'envoya chez ses parents d'Irlande pour y poursuivre ses études. Il y rencontra Edward Byrne, Président du Comité Catholique, et son fils John Dominick Byrne avec qui il se lia d'amitié, et qu'il revit à la fin de la Révolution Française. C'est ce qui explique la visite qu'Edward Henry Byrne, fils de John Dominick rendit à Jean-Jacques de Rey à Saint-Géry en 1821.
Mes recherches sur la généalogie des O'Byrne de Saint-Géry et plus anciennement de Saggard (comté de Dublin) ne permettent pas de remonter en ligne directe au-delà d'Edward Byrne, dit le Catholique, dans les années 1770. Dans les documents des généalogistes, il semble que le clan O'Byrne fut dispersé après les défaites infligées par Cromwell, entre Timahoe, Cabinteely, Louth et Saggard. A la suite d'un mariage avec l'héritière du château de Saggard, un O'Byrne s'installa dans cette région, probablement au début du XVIIe siècle.
J'ai également retrouvé un document sur la confiscation à Saggard des terres d'un O'Byrne en 1605. Sous la pression anglaise de nombreuses familles abandonnèrent le O'. Ce fut le cas des O'Byrne qui devinrent Byrne. Edward Byrne épousa en première noce Mary Devine de Dublin qui mourut assez jeune. En secondes noces, il épousa Miss Mathews de la famille des lords Landaff. C'est peut-être ainsi qu'il acquit des terres en Tipperary. Il eut 7 enfants dont une fille qui épousa un Mac Carthy de Bordeaux, cousin de ceux de Toulouse et dont la fille Elizabeth Mac Carthy épousa M. de Seguin. Edward Byrne avait un frère cadet, Mark, qui après avoir mené une vie aventureuse, se fit protestant pour accaparer, suivant les nouvelles lois, la fortune de leur père.
Edward fut réduit à la misère. Quand Mark apostasia, une vieille femme lui prédit que la terre de famille dont il avait dépouillé son frère passerait à des étrangers. Ce qui arriva.
Pour vivre Edward Byrne entra dans le commerce et acquit une fortune presque princière qu'il partagea entre ses enfants, mais dont il n'est resté que des débris. Il fut membre des United Irishmen. Toute sa vie, il fut un fervent chrétien, mais particulièrement dans sa vieillesse. Ce fut lui qui fonda "l'Association Catholique" ou comité catholique. Cette association dont il fut élu président lui permit de conduire à Londres une députation qui fut reçu par le roi Georges III et obtint d'importantes concessions.
Edward Byrne mourut en 1803. Il est enterré à Saggard. Son fils aîné, John Dominick O'Byrne épousa en 1798 une cousine lointaine Elizabeth Byrne, fille d'Henry Byrne d'Allardstown (comté du Louth) et de Anne Coleman. Henry Byrne était le descendant direct du frère du célèbre Fiagh Mac Hugh O'Byrne. Elizabeth Byrne était fille unique et héritière d'une belle fortune de "débris de l'apanage que Hugh O'Neill avait donné au second fils de Fiagh Mac Hugh O'Byrne pour prix de ses services dans le nord de l'Irlande". John Dominick Byrne et Elizabeth Byrne eurent trois enfants : Edward Henri, Pauline et Eliza. Elisabeth Byrne mourut jeune quelques années après la naissance d'Eliza. Après la mort de sa femme John Dominick vécut quelques temps en France avec ses enfants. A l'époque de la rupture du traité d'Amiens, vers 1806, il se trouva interné à Verdun, en tant que sujet anglais. Ses enfants furent élevés à Bordeaux, probablement chez leur tante Mac Carthy.
Son fils aîné Edward Henri y demeura jusqu'à l'âge de huit ans. Puis il fut embarqué sur un bateau américain et ramené en Irlande, pour entrer au collège de Honey-Hart qu'il quitta pour entrer à Clongrowes Wood au moment de la fondation de ce collège. Il entra ensuite à l'Université de Cambridge pour y terminer ses études, bien que, en qualité de catholique, il ne put prétendre aux grades universitaires. Après y avoir passé quelques temps il alla voyager sur le continent. Vers 1821, il rendit visite alors à Saint-Géry à Jean-Jacques de Rey, marquis de Saint-Géry (lettre de remerciement datée de 1823). Jean Jacques de Rey était le fils de Christine Mac Carthy Riagh, célèbre famille Irlandaise qui remonte au XIème siècle, descendants des rois de France, d’Angleterre, d’Ecosse et des comtes de Toulouse. De France il passa en Italie qu'il visita en entier. A la mort de son père, John Dominick, en 1824 à Bordeaux, Edward Henry O'Byrne revint en Irlande et loua une maison de campagne appelé Lisnawolky aux portes de Dundall, où il passa trois ans avec ses sœurs Pauline et Eliza. Puis il voyagea sur le continent et il passa un hiver à Hyères avec ses sœurs. Ce fut alors qu'il revit M. de Rey de Saint-Géry et demanda la main de Gertrude. Edward Henri O'Byrne avait une grande fortune. Il avait des terres en Tipperary et dans le comté de Louth qu'il tenait de sa mère.
Edward Henri épouse à Paris le 22 novembre 1828 Gertrude de Rey de Saint-Géry à la mairie du premier arrondissement. Jean-Jacques de Rey était Conseiller d'Etat et résidait à Paris, une partie de l'année, au 11 de la rue Caumartin (cf. contrat de mariage). Edward Henri O'Byrne habitait au 15 de la rue de la Ferme de Mathurin. Du côté O'Byrne assistaient au mariage son oncle Gérald et ses sœurs Pauline et Eliza, ses parents étant déjà décédés. Du côté Rey, nombreux furent les présents, car le roi Charles X était (représenté) le témoin de mariage de Gertrude de Rey. Beaucoup de questions se posent à propos de ce mariage : l'essentiel étant comment et pourquoi cet irlandais a accepté de s'installer en France alors que le carcan anglais paraît se desserrer. Comme nous l'avons vu plus haut les irlandais continuent à se battre pour leurs libertés et en avril 1829 l'Acte d'émancipation des catholiques, obtenu par O'Connel ouvre aux catholiques l'accès aux fonctions publiques. Edward Henri O'Byrne et sa femme Gertrude de Rey passèrent les premières années de leur mariage à voyager entre Saint-Géry, Paris, Nice, l'Italie et l'Irlande. Ils passèrent le plus souvent l'hiver à Saint-Géry, mais ils allaient l'été en cure à Saint-Sauveur et à Eaux-Bonnes. Edward Henri appréciait beaucoup la chasse, en particulier à l'isard. Mais il avait une occupation favorite: le yatching. Ils avaient eu une goélette dénommée Jane, très fin voilier, avec lequel ils étaient rentrés de Civita Vecchia à Nice ; puis ils eurent un second bateau, la Medova, dont un modèle est toujours à Saint-Géry. En 1832, il acheta une partie de la forêt de Giroussens ainsi que la petite métairie de Sourdas qu'il fit aménager pour y élever un troupeau de vaches bretonnes. En 1838, il acheta la métairie de Fongrave sur laquelle il fit de grands travaux d'assainissement, et construisit de grands bâtiments d'exploitation. "L'agriculture était devenue pour lui une vraie passion, sans avoir perdu son ancien goût pour les chevaux". Il en avait un fort beau qui le menait au trot de Saint-Géry à Toulouse en deux heures. Il revint une fois sur ce cheval de Castres à Saint-Géry en deux heures et demie, par la traverse.
Henry Edward O'Byrne et Gertrude de Rey eurent quatre enfants : John, Mary, Edward et Henry mon arrière-grand-père. John épousa Eléonore de Hubner. Il retourna vivre en Irlande à Corville près de Roscrea. Il eut huit enfants. Mary épousa Joseph de Maistre, petit-fils du célèbre écrivain. Edward resta célibataire. Henry épousa Elizabeth du Bourg en 1873. Ils eurent six enfants dont l'aîné Henry, né à Saint-Géry le 23 mars 1874 est mon grand-père. Les autres enfants sont Gabriel (grand-père de Gab.), Mimy, Marguerite (Mme d'Arvieu), Edward et Elizabeth (Mme de Rostang) Edward Henry O'Byrne mourut en Irlande le 2 mai 1862 et fut enterré à Saggard, dans une chapelle proche de l'église qu'il avait demandé par testament à faire construire pour y accueillir les restes de son grand-père Edward et de son père John Dominick. Car il considérait que Saggard était le berceau de sa famille. Edward Henry O'Byrne laissa à sa femme Gertrude et à ses enfants des biens en Irlande et en France. En Irlande, il avait une terre du nom d'Allardstown dans le comté de Louth, une terre à Annfield, comté Tipperary et une terre avec habitation à Corville (Tipperary). En France, il possédait la forêt de Giroussens, une ferme à Fongrave (commune de Rabastens), des vignes à Loupiac et la maison de La Garenne et du mobilier au château de Saint-Géry. Mais il ne fut jamais propriétaire de Saint-Géry. Il y vécut, souvent, chez ses beaux-parents.
Succession de Saint-Géry:
Autour des années 1840 – 1845, Jean Jacques de Rey organisa sa succession. En ce qui concerne St Géry, ses deux gendres français, M. de Raynaud et M. de Marliave avaient déjà des maisons et ne voulaient pas se mettre sur le dos la charge du château, quand à son gendre O’Byrne, il trouvait cette demeure fort mal commode et disait envisager, si sa femme la recevait en héritage, la démolir pour reconstruire une maison moderne dans le parc après l’Orangerie. En fait, il demeurait très attaché à ses racines irlandaises de Saggart. C’est ainsi que Jean Jacques de Rey décida de choisir ses deux filles célibataires, Adélaïde et Angèle comme héritières du château de St Géry. En 1840, les Ponts et Chaussées décidèrent d’améliorer la navigation sur le Tarn en construisant une série de chaussées. Ce fut le cas à St Géry. Cette construction fut mal réalisée, entraînant des réparations fréquentes. La montée des eaux a causé d’importants dégâts au parc de St Géry, plusieurs hectares ont été emportés ainsi que de beaux arbres. L’espace fut réduit entre le chemin de halage et le bas de la terrasse. Une indemnité fut obtenue et employée à faire le mur de soutènement de la terrasse. Les Ponts et Chaussées finirent par se décider à faire un quai sous le château : Angèle de Rey, à la suite de travaux d’élargissement du chemin de halage écrivit aux Ponts et Chaussées de Gaillac, en 1865, pour les prévenir des risques d’écroulement du château que ceux-ci entraînaient. En 1848, Adélaïde de Rey fait un testament en faveur de sa sœur Angèle. Les O’Byrne se sentent tenus à l’écart, en particulier par les gendres français (Raynaud et Marliave) qui se supportent pas l’idée que St Géry revienne à un étranger. Les O’Byrne, pour aider Adélaïde et Angèle, leur payent une sorte de pension lorsqu’ils sont en séjour à St Géry. Dans les années 1850, Edward Henry O’Byrne n’avait plus aucun goût pour St Géry. Il continue à aller passer l’hiver à Nice et l’été à Bagnères de Bigorre ou à St Jean de Luz. Mais ses enfants, particulièrement Mary et Edward, restent très attachés à St Géry. Pour les études de leurs enfants, les O’Byrne, en 1853, prennent un logement rue du Taur à Toulouse, puis en 1857 rue du Jardin Royal. En 1858 Edward Henry O’Byrne achète Corville, propriété située près de Roscrea en Irlande. Il voyage en Irlande avec toute sa famille et revoit tous ses cousins O’Kelly, Mac Carthy et Ryan. En 1859, Adèle de Rey meurt et laisse sa part de St Géry à sa sœur Angèle qui devient la seule propriétaire de St Géry. Elle a 50 ans, célibataire et trouve la charge lourde. En 1865 après bien des disputes entre ses neveux, Angèle de Rey choisit de vendre St Géry à Edward O’Byrne son neveu célibataire, tout en gardant l’usufruit. En 1887, après la mort de sa tante Angèle, Edward O’Byrne, célibataire, choisit de léguer St Géry à son frère Henry, mon arrière grand Père. C’est ainsi que St Géry passa des Rey à la branche française des O’Byrne, tandis que John, l’aîné des garçons, retournait s’installer à Corville, en Irlande, tout en conservant la métairie de la Garenne où ses filles célibataires Ita, Briddie et Diphy finirent leurs jours.
Henry O’Byrne épousa Elizabeth du Bourg. Ils eurent six enfants, Henry, mon grand Père, Mimy (célibataire), Gabriel le marin, Edouard, Marguerite, épouse d’Arvieux, et Elizabeth, épouse de Rostang. Dans les partages familiaux, les trois tantes Mimi, Mag et Lili, héritent de St Géry et choisirent en 1950 leur neveu Edward, mon Père, comme unique héritier. Ses frères et sœurs ne s’opposèrent pas à la volonté de leurs tantes et la propriété a pu rester ainsi dans son intègralité dans les mains d’un seul O’Byrne. Deux autres familles auraient pu en hériter, les Maistre ou les Marliave. Les Maistre, car Marie O’Byrne sœur aînée d’Edward, après avoir épousé Joseph de Maistre ayant hérité de Fongrave à la mort de son père aurait beaucoup aimé y ajouter St Géry, tandis que Jacques de Marliave, fils de Charles et de Gabrielle O’Byrne était très intéressé par le titre de son grand Père : Marquis de St Géry.
Henry O’Byrne