Alors qu'en France les noms de famille commencent à se former à partir du XIIIème siècle, en pays de Gex, ils n'apparaissent qu'au XIV ème; à Vesancy, jusqu'en 1390, une seule famille est désignée par un nom: Fabri; les autres personnes ne le sont encore que par un prénom ou un surnom jusqu'en début du XVème siècle. De plus, les noms, lorsqu'ils existent, sont orthographiés de façon fantaisiste.
- En 1332, année du premier document concernant les Gexois, nous trouvons Pierre Quynanz habitant Gex la ville.
- Dans le terrier de 1356 , ce personnage ne figure plus à Gex. On trouve bien plusieurs Jaquinet à Vesancy mais ils disparaissent des terriers suivants.
- Dans le terrier de 1390, on trouve à nouveau un nom ressemblant au notre à Gex la ville: Stéphane Quintat, père de Ponette et Anthonia. Par la suite, en 1550, on trouvera encore à Gex la ville, deux frères Quinet, misérables et sans postérité. Ces personnes sont citées pour montrer que, s'ils ne font pas obligatoirement partie de nos ancêtres, tout au moins notre nom a bien du être forgé dans cette région, peut-être à Gex même.
- Le premier Quinat que l'on ait trouvé ainsi orthographié et dont il est prouvé que nous descendons, l'a été dans une reconnaissance de fief faite à Vesancy et datée de 1437 : il s'appelle Jean (Johannes dans ce texte écrit en latin) ; nous l'appellerons Jean Ier(1.1). Il a du naître vers 1400.. Le fief accordé par le Duc de Savoie est très modeste puisqu'il porte sur une pose de terre, soit un tiers d'hectare, précédemment tenue par un certain Johannes Preposte, de Sessy . Il est situé au lieu " dict au champ montagneux " et fait l'objet d'une cense (redevance) de trois deniers genevois. Comme nous le verrons en 1550, cette reconnaissance ne peut rendre compte des biens possédés de façon exhaustive : en effet, il paraît impensable, même à cette époque qu'une famille puisse vivre de la culture d'un terrain d'une si faible surface.
- En 1472, nouvelle reconnaissance de fief: le même petit fief est confié en emphytéose perpétuelle à " Johannes (Jean II) (2.1) fils de feu Johannes Quinat ". Il lui est de plus accordé un autre fief encore plus petit puisque d'environ une demie pose: il est situé au lieudict champ du moulin et donne lieu à paiement d'une " quarte partie d'un pain de meineydes de la valeur d'un quart de froment mesure de Gex ".
- En 1494, nouvelle reconnaissance de fief: Johannes (Jean III)(3-1) fils de Johannes Quinat reconnaît les mêmes fiefs avec les mêmes redevances, plus un autre petit fief d'environ une demie pose située à coté de celle déjà possédée au champ du moulin, moyennant la même contre partie que pour cette dernière.
On imagine ainsi nos ancêtres en ces deux siècles de fin de Moyen-Age : ce sont des paysans fraîchement affranchis, vivant dans une ferme de ce petit village de Vezancy, probablement assez misérables, au sortir de la guerre de cent ans qui a entraîné une grande dépression dans les campagnes. Mais, placés sur une artère économique majeure de l'Occident européen faisant communiquer le duché de Bourgogne et Genève, ils profitent cependant de tous les courants économiques et politiques de l'époque. Cela peut expliquer, comme nous le verrons plus loin, le choix de métiers d'artisanat très " pointus " que sont l'horlogerie et la taille des pierres précieuses. Le niveau de leurs biens commence à décoller mais ne deviendra significatif qu'au siècle suivant, entraîné par le vaste mouvement de la Renaissance qui a vu, dans les campagnes, la reconquête des nombreuses friches abandonnées depuis deux cents ans.
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Vesancy
est un petit village situé entre Gex-la-ville et Divonne.
Il comprenait 12 foyers ayant fait des reconnaissances de fief au
XV ème siècle, 45 foyers au XVI ème. De nos
jours, placé à l’écart de la grand route
reliant Gex à Divonne, il reste encore de taille modeste
puisqu'il ne possède que 450 habitants. Il conserve une rue
appelée vie Quinat longeant le château,
du nom d’un généreux ancêtre qui l’a
fait empierrer à ses frais. |