XIX et XXème siècles

La perte des racines géographiques

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Jean-Jacques III(14.3), fils de Pierre, est né le 22 janvier 1797. Jean Jacques appelé usuellement Jacques par sa famille, est resté orphelin à 5 ans, avec un père probablement peu présent.

De décembre 1813 à mars 1814, les Autrichiens occupèrent le Pays de Gex et Genève. A ce sujet, Jacques confia à son fils sur son lit de mort l’épisode suivant:
En février 1814, une patrouille d’autrichiens se présenta au village un soir d’hiver et demanda un guide pour passer les cols enneigés et retrouver ainsi le groupe auquel ils appartenaient. Ils ne trouvèrent personne sauf Jean Jacques qui se proposa après avoir caché un fusil dans les bois. Il fut agréé. Il partit donc suivi d’un officier et d’une dizaine d’hommes. Il les égara et après avoir récupéré son arme, les tua les uns après les autres et rentra trois jours après au village. Il avait 17 ans. Il fut traité en traître et on lui tourna le dos. Il ne dit mot à qui que ce soit de ce qu’il avait fait, étant donné, dit-il à son fils, qu’il valait mieux à cette époque se taire.
A son retour de l’île d’Elbe, par décret du 22 avril 1815, Napoléon avait ordonné l’organisation de corps francs dans chacun des départements frontières. Les corps francs avaient droit aux vivres de campagne ; ils ne recevaient aucune solde mais tout ce que ces corps prenaient sur l’ennemi étaient de bonne prise et à leur profit. Les canons, caissons et effets militaires étaient rachetés par l’Etat au prix des trois quarts de leur valeur. Il leur était payé en outre une prime pour chaque prisonnier, fonction de sa qualité (30 Fr pour un soldat, 4 000 pour un lieutenant général). Les armées autrichiennes réoccupèrent le Pays en juin 1815 et le pillèrent systématiquement en juillet. Un corps franc s’est formé à Divonne sous les ordres d’un certain Albert. Jean Jacques s’y est très probablement engagé. Le 26 juin, les autrichiens de la coalition anti-Napoléonienne envahirent à nouveau le pays de Gex. Les corps francs, après avoir résisté vaillamment au passage des Rousses et celui de la Faucille furent contraints de battre en retraite le 6 juillet sur Saint Claude, puis sur Oyonnax et Nantua. Ils suivirent ensuite le maréchal Suchet jusqu’à Roanne où ils furent démobilisés. Si les personnes ne furent point inquiétées et persécutées par l’armée autrichienne pendant l’occupation de la France, il n’en fut pas de même lorsqu’elle eu évacué son territoire. Certains furent poursuivis, quelques uns exécutés, d’autres s’enfuirent en Savoie et dans le canton de Vaud.
Jean Jacques s’est ensuite engagé au 19 ème régiment de Chasseurs qu’il a quitté fin 1825 pour rentrer dans les Douanes comme officier. Etabli à Nantua, il s’y est marié le 31 janvier 1826, avec Marie Victoire Mayet (il était alors sous-lieutenant).
Le père de Marie Victoire, Charles Philippe Mayet, était tisserand à Nantua et son grand-père, Joseph, « Receveur aux farines du roi aux portes de Divonne », venu de Morbier en Franche-Comté (les familles s’étaient donc vraisemblablement connues à Divonne). A Morbier, les Mayet ont introduit au XVII ème siècle (en même temps que des Quinat à Divonne), une petite industrie d’horlogerie qui s’est ensuite développée dans le Jura. Ils se sont transmis le métier de générations en générations jusqu’à nos jours (un Mayet est encore horloger à Grenoble). Tous ses ascendants sont originaires de Morbier ou de Léaz dans le Jura.
Du côté de sa mère, Marie Victoire descendait d’une famille ( Boné) originaire de Nantua, des « grangers » au XVIII ème (ancien nom des métayers) devenus bourgeois. Tous ses ascendants connus sont originaires de la région de Nantua.
Le ménage a demeuré à Nantua au moins jusqu’en 1834, année de naissance de son dernier enfant. Jean Jacques était passé lieutenant entre 1828 et 1830.
En 1852, on le retrouve à Coupy, commune de Lancrans, à la mort de Marie Victoire, décédée à 53 ans. Bizarement, son décès a été déclaré par un voisin cultivateur et non par son mari. (Lancrans est près de Bellegarde sur Valserine, en pays de Gex).
Il a pris sa retraite des Douanes et s’est retiré à Nantua où il avait deux maisons dont l’une située au 108 de la Grand rue.
Le 25 septembre 1854, il s’est remarié, avec Marie Josephte Rumilly, d’une famille de charrons bien implantée à Nantua.
Il est mort le 25 août 1880 à Nantua.

Sur la suite de son décès, Jacques Quinat, son arrière petit-fils, nous a raconté une étrange histoire :
A son décès, son fils Charles cherche le testament de son père dont il avait eu connaissance. Il ne le trouva pas, mais mon père( Camille âgé de 15 ans) qui regardait du jardin au travers de la fenêtre, vit Marie-Josephte passer vivement une enveloppe à son fils qui la mit dans sa poche. Il entra alors dans la maison et exigea que ce pli lui soit remis, ce qui fut fait. C’était le testament recherché. Mon grand-père( Charles) le lut, fit passer son fils à la porte, dit son fait assez violemment à sa belle-mère, déchira le testament, en jeta les morceaux à terre et partit en claquant la porte. On ne sut pas autre chose mais les biens de Jean Jacques furent abandonnés à sa veuve et à son fils à la condition qu’ils disparaissent. Ils réalisèrent alors la succession et disparurent.
Mystère non encore élucidé, d’autant qu’il ne semble pas que Marie-Josephte ait eu un fils : on ne retrouve aucune trace d’un précédent mariage ou de la naissance d’un fils dans l’état civil de Nantua, et aucune mention de veuve n’est indiquée dans son acte de mariage avec Jean Jacques.
Ce deuxième mariage a manifestement été considéré comme une mésalliance par sa descendance : Jacques a écrit qu’il avait épousé sa cuisinière et ils ont caché le fait qu’elle a continué à habiter la maison du 108, Grand-rue. Pourtant, Charles est resté en bonne relation avec elle : en effet, à la mort de Marie Josephte, celle-ci a légué la maison qui lui venait de son mari, à Charles "Capitaine en retraite qui m'a soutenu depuis la mort de mon mari" au détriment de ses héritiers naturels, neveux et petits-neveux (il n’y a aucune mention d’un fils sur ce testament).
Jean Jacques, en partant de Divonne a donc rompu avec le milieu social familial qui, ayant évolué de petits paysans au XV ème siècle à artisans, puis rentiers au XVII ème, était retombé au statut de laboureur au XVIII ème.
Lui et ses frères sont les derniers Quinat à avoir vécu à Divonne : Pierre Louis et Jean Louis y sont morts sans postérité. Il a coupé définitivement ses racines en vendant sa maison située dans le quartier Fontaine et ses nombreux terrains avant 1861. Ces terrains, maintenant totalement construits représentaient moins de un hectare et demi distribués en quatorze parcelles situées tout autour du centre de Divonne. Certaines lui venaient de ses ancêtres du XVIIème siècle, ceux situés en Petite Champagne et aux Hutins. Les hutins sont des vignes cultivées en « lignées » avec des arbres comme supports ; chaque famille se devait d’en posséder en plus de vignes cultivées classiquement qui semblaient assez nombreuses dans les environs de Divonne.

Jean Jacques et Marie Victoire ont eu trois fils, une fille, Marie Virginie, morte à 11 ans et des jumeaux qui n'ont vécu qu'une semaine:
- Charles dont nous reparlerons plus loin.
- César Auguste Alexis
(15.2 et 15.3) qui a servi comme sergent au premier Bataillon d'Infanterie légère d'Afrique sous les ordres du Commandant Amat, nommé ensuite Colonel au 22 ème de Ligne, Régiment de Charles. Il est mort au combat d’Aïounet-bou-bekeur près de Géryville en Algérie en 1864. Citons cet extrait d’une lettre de Charles à sa future belle-mère Mme Valat: Il lui avait été difficile de se tirer d’affaire, puisqu'il tua Si-Sliman, fils aîné du serpent du désert et chef de l'insurrection.
L’épisode de sa mort est décrit dans une histoire des colonies françaises, Tome II, Algérie:
« En 1864 éclata l'insurrection des Ouled-Sidi-Cheikh. Si-Hamza, auquel nous avions constitué un si grand commandement et qui nous avait rendu de réels services, mourut à Alger en 1861, probablement empoisonné par une de ses femmes à l'instigation du parti intransigeant de la famille, qui ne lui pardonnait pas sa soumission à la France. Son fils Si-Sliman, poussé par son oncle Si-Lala, fit défection et souleva contre nous les populations du Sud-Oranais. Le 8 avril 1864, le commandant supérieur de Tiaret, le colonel Beauprête, partit avec une petite troupe pour arrêter le mouvement. Il fut surpris la nuit à Aouïnet-bou-Bekeur, à 50 kilomètres de Géryville, ses soldats égorgés, lui-même poignardé par Si-Sliman, qui périt également dans ce combat » (donc probablement de la main d’Alexis).

- Jean François Elisée (15.2 et 15.3): Caporal de Légion (3e Compagnie, 3e Bataillon, 13e Régiment de Légion), il est mort du choléra en Crimée en 1865, à l'hôpital de Kamiesh. Il faut noter que, sur les 95 000 soldats Français morts pendant les deux années de la guerre de Crimée, seuls 20 000 l'ont été par faits de guerre, les autres par maladie.

L’épisode Nantua aura été de courte durée pour la famille: Jean Jacques n’y a habité que sa vie d’adulte et la famille n’y a plus aucune attache puisque son corps a été déplacé à Villieu où est enterrée une grande partie des trois générations suivantes.

L'aîné, Charles(15.1): Né le 3 juin 1827 à Nantua, il s’est engagé en 1846 au 22è Régiment d’Infanterie. Il y gravit tous les échelons de sous-officier jusqu’au grade d’adjudant en 1854. Passé officier l’année suivante, il est devenu porte-drapeau en 1858.
Il a participé à la guerre pour l’unification de l’Italie du 4 juillet au 31 août 1859.
Lieutenant 21 janvier 1863, Capitaine le 4 août 1870. Il a été fait prisonnier à Sedan à la suite de la capitulation de Napoléon III et dirigé sur Breslau où il est arrivé le 15 ; de retour en France le 10 avril 1871 il a été nommé chevalier de la Légion d’Honneur le 8 août 1871, il a été admis à la retraite comme Chef de Bataillon le 19 février 1873.
En suivant le "lien" qui prècéde, on pourra lire les appréciations très élogieuses qui ont été relevées dans son dossier militaire conservé aux archives du fort de Vincennes.
Devenu civil à 48 ans, il s’occupa de bâtir puis de diriger l’usine à gaz de Tullins.

Il s’est marié en 1865 avec Léonie Valat, sa cousine issue de germain. Sa hiérarchie avait autorisé le mariage après avoir contrôlé que les parents Valat s’engageaient à payer une rente ou pension annuelle de douze cent francs exempte de toute retenue et payable par moitié tous les six mois à partir de la célébration du mariage. Parmi les avis hiérarchiques, il est noté : « elle aura en dote une rente annuelle et non viagère de 1200 f, mais qui n’est pas garantie par hypothèque, la fortune des parents paraissant consister en valeurs mobilières. Espérance de fortune 100.000 fr » . Puis « avis favorable , malgré l’absence de garantie pour le service de la rente promise.(!!) ». A cette époque en effet la hiérarchie militaire ne permettait le mariage d’un officier que si l’épouse amenait un minimum de revenus de 1200 f par mois car elle considérait que la solde versée aux officiers ne leur permettait pas de faire vivre une famille convenablement.

Coupant définitivement avec le milieu paysan, le mariage de Charles a ancré la famille dans le milieu bourgeois de la Bresse.
Le père de Léonie, Joachim Valat, issu d’une famille d’avoués et d’avocats au Parlement de Bresse, originaires de Pérouges et de Meximieux, était lui-même pharmacien à Nantua au début de son mariage, puis à Lyon, au N°22 de la place des Cordeliers, et demeurait alors au 9, rue Martin où il a pris sa retraite.
Joachim Valat était le cousin issu de germain d’un homme politique célèbre, Hippolyte Paul Jayr. Les Jayr était une famille de légistes de père en fils, avoués et avocats au Parlement de Bourg en Bresse. Hippolythe Paul étudia le droit à Paris, entra dans l'administration, devint préfet de l'Ain, puis de la Loire, de la Moselle, et enfin du Rhône le 23 mai 1839. Dans ce dernier poste, il s’attacha à maintenir la paix entre les « canuts » (ouvriers tisserands) et les fabricants, après les révoltes des premiers en 1831 puis en 1834. Son dévouement à la monarchie de Juillet lui valut d'être nommé pair de France le 9 juillet 1845 et commandeur de la Légion d'honneur la même année. À la Chambre des pairs, il prit place dans la majorité ministérielle, tout en conservant ses fonctions de préfet du Rhône jusqu'à sa nomination comme ministre des Travaux publics le 9 mai 1847, dans le ministère Guizot, dernier de la monarchie de Juillet. Il resta en place jusqu'au au 24 février 1848. Il présenta à la Chambre des projets de loi relatifs aux chemins de fer de Lyon, d'Avignon, de Dieppe, du centre, etc. On remarqua également le rapport qu'il adressa au roi sur l'organisation du corps des mines et du corps des ponts et chaussées.
La mère de Léonie Valat, Elisa, était une Sonthonnax, petite fille de Joseph Mayet déjà cité (d’où le cousinage de Charles et de Léonie). On retrouve les ancêtres Sonthonnax à partir de 1676 à Montréal la Cluze près de Nantua où ils étaient appelés « Sonthonnax dit Vieux (ou le Vieux) ». Ils étaient alors laboureurs. Les Sonthonnax forment une famille très répandue entre Montréal où coexistaient les « Sonthonnax dicts Glandin » (plutôt artisans, tailleurs d’habits), Nantua, et Oyonnax d’où est issu le célèbre Léger Félicité Sonthonnax qui s’illustra en affranchissant les noirs de Saint Domingue en 1796. Au XVII ème siècle, toutes ces branches sont déjà complètement séparées et il est impossible de les relier entre elles.
C’est probablement Léonie qui a attiré son mari à Villieu, village proche de Meximieux, où il a acquis en 1893, une propriété comprenant une grande maison, qui lui servit de résidence principale, un grand parc et une petite maison.
Revenu à la religion lors de la première communion de son fils Armand, il occupa ses dernières années à faire bâtir l’église de Villieu. Une monographie de Villieu, éditée par son ancien curé, le chanoine Bruyère, cite Elisa Valat comme bienfaitrice de la paroisse, ayant, en particulier, participé à la reconstruction de l’église et à l’achat de cloches qui ont été baptisées de son nom et de celui d’Armand Quinat.
Les livres de compte de Léonie font état du grand nombre de dons faits à Monsieur l’abbé Collet, Curé de Villieu. L’église conserve aussi un vitrail, don fait par Charles.
Charles et Léonie ont été, avec l’abbé Collet, les fournisseurs de fond pour la construction d’un petit pensionnat de jeunes filles tenu par les sœurs à proximité de l’église, au lieu-dit « les Chaudannes ». En 1905, avec l’interdiction d’enseigner pour les religieuses et la menace de confiscation, l’école a été cédée à Charles, avec la promesse de rendre à l’abbé Collet la somme de 10 000 F qu’il y avait engagée (cette dette fut définitivement honorée par ses enfants après sa mort). Cette propriété a ensuite été donnée à Camille lors de la succession parentale. La grande maison est revenue à Auguste, et la petite maison à Armand.
La grande maison a été ensuite acquise par la mairie ainsi que le parc qui l’entoure. Ce parc a été partagé en deux parties ; une école maternelle a été construite sur l’une, l’autre est devenue le parc municipal appelé encore de nos jours « Clos Quinat ». La « petite maison » a été épisodiquement utilisée par Armand; elle est actuellement inhabitée, propriété d’Andrée, sa fille et doit revenir à la Mairie après son décès. Quant à « Chaudannes », Camille, une fois marié, ne l’a pas habitée et l’a louée assez longtemps à des ouvriers qui l’ont utilisée comme dortoir et qui l’ont dévastée. Elle a finalement été vendue dans un triste état en fin des années cinquante.

Charles a donc eu trois fils (dont deux seront officiers) :

Auguste(16.2) qui, après avoir fait l’école militaire de Saint Cyr, a fait la plus grande partie de sa carrière dans les Chasseurs Alpins ; il a terminé la guerre de 14-18 avec la Croix de Commandeur de la Légion d’Honneur et six palmes à sa Croix de guerre.
Avant son mariage en 1901 avec Gabrielle Rérolle dont il n’a pas eu de descendance, il a reconnu un enfant, Charles Camille Edouard, né hors mariage de Geneviève Emilie Barret en 1895. Charles Camille Edouard s’est marié à Grenoble en 1919 et est décédé à Clermont-Ferrand en 1963.
Auguste est décédé en 1936.

Armand(16.3) a passé une grande partie de sa vie en Afrique du Nord pour s'occuper de propriétés agricoles, en Tunisie, près de Tunis et à Hammamet, puis, à partir de 1939, au Maroc, à Ouled Teïma près d'Agadir où il est mort en 1955. Il y avait rejoint son fils Jean(17.5) qui y exploitait déjà une propriété agricole depuis quelques années.

Camille(16.1), Camille, l’aîné de Charles et Léonie, a fait carrière dans l’Infanterie.
Après avoir passé son baccalauréat es sciences, il s’est engagé dans l’Armée pour cinq ans le 16 mai 1885 à la mairie de Montélimar, intégré dans la classe 85 , subdivision de Bourgoin, canton de Tullins . Il a été incorporé dans le 22 ème Régiment d’Infanterie (le régiment de son père). Il y a gravi les grades jusqu’à Sergent en 1886. Du 25 novembre 1887 au 6 février 1890 il a été au 4 ème Bataillon de Chasseurs Annamites dans la partie centrale du Viet-Nam.
Il est ensuite retourné au 22 ème RI puis est rentré à l’école Militaire d’Infanterie à Saint Maixent dont il est sorti n°283/381, et nommé sous-Lieutenant le 1er avril 1891 .
Il a été alors muté au 75 ème RI où il a été nommé Lieutenant le 29 août 1893.
Le 26 décembre 1893, il a été nommé au 2 ème Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique, où il a fait Campagne pendant près de 7 ans, partagé entre l’Algérie proprement dite et la Région Saharienne.
Le 29 août 1900, il a été nommé en France, au 23 ème Régiment d’Infanterie où il est passé Capitaine( choix) le 1er octobre 1902. Le 26 septembre 1904, il a été muté au 142 ème RI à Lodève, puis au 121ème à Bourg en Bresse le 24 juin 1910, enfin au 321 ème à Montluçon le 2 août 1914. C’est avec ce Régiment qu’il est parti pour le front d’Alsace, a fait retraite jusqu’au Bourget où les allemands ont été arrêtés aux portes de Paris. Repartant en avant avec son Bataillon, il a été blessé à la jambe près de Villers-Cotterêts le 14 septembre 1914. Il a consigné ses mémoires de la guerre de 14/18 dans un émouvant petit carnet.
Le 22 janvier 1916 il a été mis en congé illimité par suite de l’amputation d’une jambe dont il a souffert toute sa vie( il avait 50 ans).
Il a terminé sa carrière militaire comme Capitaine d'Infanterie, (il avait la coquetterie de se faire appeler "Commandant" par ses amis car il avait été nommé à ce grade à titre provisoire), Commandeur de la Légion d'Honneur et décoré de la Croix de guerre avec palme.
Il est ensuite entré dans une société d'import-export avec l'Afrique Orientale qui lui aurait servi de « couverture » pour une mission au profit du Deuxième Bureau (suivant la légende familiale qui n’a pu être vérifiée). Elle l’a fait voyager le restant de la guerre en Abyssinie, à Madagascar, la Réunion, le Mozambique pour, officiellement, faire de la prospection de marchés. Il nous a fait la relation de ces voyages dans deux petits carnets très intéressants.
Il a ensuite exploité une propriété agricole en Algérie, « Oued Soudan », près de Philippeville jusqu’en 1926. Il s'est retiré ensuite à Nîmes, puis, après la guerre de 39/45, à Saint Germain en Laye où il est mort entouré de sa femme et de la famille de sa fille Simone. Il est enterré à Villieu avec ses proches.

Il s’est marié en 1899 avec Marthe Guyot. On ne sait comment ils se sont rencontrés car ils semblaient bien éloignés géographiquement: lui était Lieutenant à Laghouat en Algérie et ses parents à Villieu et à Lyon, elle habitait en famille à Voreppe près de Grenoble.
La famille Guyot était d’une bonne bourgeoisie, plusieurs fois alliée à des familles aristocratiques. Le père de Marthe était ancien Conseiller au Conseil d’Etat et à la Cours de Cassation à Paris. L’ancêtre dont la famille Guyot est la plus fière est le baron Ternaux, premier capitaine d’industrie, qui avait réussi, à partir de la Révolution, à amasser une fortune colossale dans les tissages. Sa réussite fut consacrée par un ennoblissement par le roi Louis-Philippe mais il mourut dans une quasi misère. Associé un temps avec son frère, ce dernier lui vendit ses parts avant que ses affaires ne périclitent, conservant ainsi sa fortune intacte. Ses descendants font encore partie de la haute et très riche bourgeoisie française.
Marthe a suivi son mari à Laghouat, puis à Aumale (en Algérie) en 1900 où elle ne s’est jamais séparée de son piano. Il reste des photos assez amusantes de leur vie mondaine en Algérie.
Lors de la garnison à Montluçon, le ménage s’est lié d'amitié avec celui de Joseph de Guillebon, ce qui fera mettre en relation Gisèle de la Simone et Jacques Quinat d'une part et Simone Quinat et Renaud de Guillebon d'autre part.

Camille et Marthe ont eu quatre enfants :

- Noël(17.1) né en 1901, qui, après avoir fait HEC, a passé quelques années à commercer pour diverses Sociétés de « vins et liqueurs ». Officier de Réserve, il s’est engagé pour l’Indochine où il est mort en 1945, assassiné par les Japonais, laissant une fille, Chantal, de son mariage avec Jeanne-Marie Durand.

- Germaine(17.2), née en 1903, qui a épousé François Reigner, Inspecteur Général à l'Institut Géographique National (ex Service Géographique de l'Armée), Officier de la Légion d'Honneur, dont elle aura quatre enfants, Monique, Jacqueline, Pierre et Nicole.

- Jacques, qui suit.

- Simone(17.4), née en 1915, qui épousa Renaud de Guillebon dont elle a eu six enfants, Gaël, France, Noëlle, Gilles, Camille et Catherine.

Jacques(17.3) , né en 1905. Engagé volontaire à 19 ans dans les spahis marocains, il a participé à la guerre du Rif, au Maroc, en 1925 et 1926. Démobilisé, il a été employé comme comptable dans une maison d'import-export en Côte d'Ivoire et en Guinée puis dans une société de travaux publics à Toulon.
Après son mariage en 1933, il est rentré comme fondé de pouvoir dans une société de commerce de vin en gros. Il y est resté jusqu'à sa retraite en 1970.
Il s’est marié à Gisèle l’Eleu de la Simone, d’une famille de petite noblesse de robe picarde, (son père était militaire), alliée à la famille de Guillebon militaire de tradition, dont le membre le plus éminent était le général Jacques de Guillebon : cousin germain de Gisèle, polytechnicien, Compagnon de la Libération, il a suivi le Maréchal Leclerc dont il était le chef d’Etat-Major pendant toute l’épopée de la deuxième D.B.

Jacques et Gisèle eu cinq enfants : Jean-Claude, Joël, Ghislain, Marie-France et Odile. La mort en bas-age de Joël a été une épreuve très douloureuse qui a marqué le foyer pour la vie. Jacques est décédé à Toulon en 1986 et enterré à Saint Romain d’Ay en Ardèche où se trouve la propriété, Les Plantas, qu’il a achetée en 1943 et où, après sa mise à la retraite, il vivait la moitié de l’année. Gisèle l’a rejoint en 1992.

Le nom de Quinat est bien vivant : Jacques a eu, à ce jour 17 petits-enfants et 52 arrière-petits-enfants dont huit garçons portant le nom.